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Chemins de traverses
15 juin 2016

Réflexions 2 - LES TWEETOS DE DIOGENE

diogène Il existe une incroyable quantité de doctrines philosophiques dont la plupart se contredisent entre-elles. D'où l'étonnement, et parfois la détresse des étudiants en philosophie qui, espérant trouver dans cette matière La Vérité, se retrouvent confrontés à plus de questions que de réponses. D'autant plus que bien souvent, il y a tout un monde entre la doctrine enseignée et la vie réelle menée par le philosophe qui la défend. Ainsi Rousseau écrit-il un traité sur l'éducation des enfants après...avoir abandonné les siens. Ainsi Voltaire défend-il par écrit la tolérance et la liberté d'expression, tout en réclamant au Roi des lettres de cachet afin de faire enfermer ses contradicteurs. Que penser de l'humanisme de Sartre lorsqu'il affirme à propos d'Arthur Koestler qu'un non communiste est moins qu'un chien ? Les exemples sont innombrables et peuvent rebuter... Après tout, à quoi sert-il d'écrire de beaux et grands discours humanistes si c'est pour se comporter comme le pire des salauds ? 

Diogène, lui, n'a rien écrit. Pas de doctrine, pas de discours humaniste, pas de bréviaire... Il a vécu en philosophe, et a enseigné par l'exemple. Le mépris des richesses ? Il vivait comme un vagabond et logeait dans une amphore. Le mépris des convenances ? Il se masturbait en public. Quant à ses propos, ils nous sont racontés par les témoins de l'époque. Pas de discours pompeux... Des phrases courtes, des aphorismes, et surtout des actes...

Surnommé le chien à cause de sa manière de vivre, il eut un jour à faire à des convives éméchés qui lui jetèrent des os provenant de leur repas. Diogène se planta alors au milieu d'eux et leur pissa dessus en levant la patte...comme le chien qu'on prétendait qu'il était. 

Diogène le chien donc, ou Diogène le cynique aurait pu aujourd'hui dispenser son enseignement sur tweeter tant il avait l'art de condenser sa pensée en des phrases fortes et de clouer en même temps le bec de ses contradicteurs. 

A Platon qui tente de se moquer de lui en disant : « Si tu avais cultivé le Tyran Denys, tu ne serais pas obligé de laver des laitues » il rétorque : « Si tu avais lavé des laitues, tu n'aurais pas eu à cultiver un tyran... » 

A Alexandre le Grand qui lui disait : « Demande moi ce que tu veux, je te le donnerai ! » Il répondit « Ôte toi de mon soleil ! » 

A un philosophe qui avait été frappé par un de ses étudiants, il expliqua : « Enseigner la sagesse, c'est faire la guerre aux sots, alors mets un casque lorsque tu enseignes ! » (Conseil on ne peut plus d'actualité pour tous les enseignants d'aujourd'hui). 

Simplicité, courage, liberté de penser, liberté sociale, refus des compromis, Diogène est l'exemple même de la vie philosophique telle qu'elle peut-être vécue. Il est également le premier à avoir déclaré à un citoyen qui lui demandait qu'elle était sa patrie : « Je suis citoyen du monde ».

Pour lui, les dieux ne servent à rien, la propriété est une chaîne, l'amour ne peut se concevoir que dans une totale liberté... Bref, ce « présocratique » qui cracha au visage de Socrate qui prétendait ne voir que de la vanité dans les trous de son manteau, était également un adversaire résolu de Platon et de son enseignement. 

Diogène donc, comme guide d'un de ces chemins de traverses qui mènent à la vraie liberté. A condition de ne pas avoir peur de marcher pieds nus et de ne pas manger tous les jours à sa faim.

 

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